Découverte des vins rouges suisses en 10 flacons

Publié le par Miguel

La découverte de la Suisse viticole continue. Cette fois-ci ce ne sera pas in-situ mais à Tain l’Hermitage, berceau de l’association Vin et Plaisir. Pour beaucoup de membres, ce fût l’occasion de découvrir que la gastronomie suisse ne se limitait pas seulement aux fromages et au chocolat !!!

Cornalin, Humagne, Gamaret et Syrah étaient présents lors de cette dégustation. Les trois premiers constituent un terrain inconnu qui pour certains sera  une magnifique découverte.

Les Syrah étaient attendues au tournant par les membres amateurs d’Hermitage, Cornas, Crozes-Hermitage, Saint-Joseph ou autre Côte Rotie.

 

La dégustation s’est déroulée le vendredi 22 mai, il faisait extrêmement chaud même en soirée. Les vins ont donc été servis plutôt froids, vers 12 degrés. Ils remontaient cependant très (trop) rapidement en température.

Les bouteilles ont été ouvertes au dernier moment pour profiter de l’évolution dans le verre que peuvent offrir les grands vins.


 

La dégustation commence avec un cépage que l’on rencontre beaucoup en Suisse : le Gamaret.

Le gamaret a été obtenu en 1970 à la Station fédérale de Changins par croisement de gamay et de reichensteiner (cépage blanc allemand). Il est le petit frère du  garanoir. On le retrouve dans tous les vignobles de Suisse romande (Genève: 108 ha, Valais: 54 ha, Vaud:  81 ha, Trois-Lacs: 10 ha) et du Tessin (17 ha). Il mûrit comme le pinot noir  mais, contrairement à ce dernier, résiste fort bien à la pourriture. Il peut donc attendre à  la vigne et donne alors des vins très colorés, aux arômes parfois épicés et à la structure tannique bien présente. D'abord destiné au coupage des vins indigènes, le gamaret donne aussi de très beaux produits quand il est vinifié pur et élevé sous bois.

Le producteur du Gamaret en question est un domaine Genèvois très réputé : Le Domaine de la Comtesse Eldegarde, propriété de Nicolas Bonnet. Ce dernier est l’un des précurseurs d’une viticulture qualitative sur le canton de Genève. La production est confidentielle puisque Nicolas Bonnet ne vinifie qu’une toute petite partie de son vignoble (seulement 2 ou 3 hectares sur les 15 hectares du domaine). Le reste des vendanges est livrée à la cave de Genève.

 


Domaine de la Comtesse Eldegarde, Gamaret 2007

Robe rubis foncé, franges plus claires.

Notes cacaotées et toastées au nez, l’élevage prédomine mais derrière celui-ci on trouve un joli fruit. A l’agitation quelques notes florales viennent compléter le bouquet.

L’attaque est franche, les tannins polissés. La matière est plutôt belle mais des arômes poussiéreux persistent et prennent le pas sur le fruit. C’est dommage…

 

C’est la deuxième fois que nous dégustons un vin de N. Bonnet toujours dans le millésime 2007. La fois précédente, c’était un Merlot 2007 et les critiques étaient du même ordre (élevage prédominant). Il faudrait pouvoir goûter des jus vinifiés en cuve que nous n’avons malheureusement pas pu nous procurer.

 

 









Le deuxième vin  est réalisé à partir d’Humagne rouge :

D'origine encore inconnue, l'Humagne rouge n'est cultivée qu'en Valais (100 ha) et  dans la vallée d'Aoste, où elle porte le nom de Cornalin d'Aoste. Cépage tardif (troisième  époque), on lui réserve les meilleurs emplacements de la rive droite du Rhône. La  grappe est grande, bleutée et compacte, et donne des jus incolores et peu acides. A  bonne maturité, les vins présentent des caractères sauvages marqués qui se marient  à merveille avec la chasse. L'Humagne rouge ne possède aucune parenté génétique  avec l'Humagne blanche.

Cet Humagne est produit par Simon Maye, reconnu pour ses syrah et plus particulièrement sa cuvée Syrah Vieilles Vignes. C’est un domaine valaisan qui se situe dans le village de Chamoson. Il est issu d’un terroir calcaire aride et chaud. Les raisins sont égrappés puis l’élevage se fait uniquement en cuve béton.

Simon Maye, Humagne rouge 2007

Robe plus claire que le vin précédent, peu de concentration.

Nez complexe très plaisant sur les petits fruits rouge, floral et le jus de la viande mijotée. Très beau.

En bouche c’est souple, très aérien. Le vin reste digeste et équilibré. Finale très aromatique sur les fruits rouges et le jus de viande.

Excellent pour moi. Un vin avec une réelle personnalité, pas la beauté parfaite mais celle qui a un petit quelque chose qui vous fait chavirer… ou pas. En  tout cas moi je plonge.

 















 

 

 

Après le Gamaret et l’Humagne, une série de 3 vins de Cornalin, tous issus du Valais :

Vraisemblablement originaire de la zone alpine, le Cornalin ne se rencontre qu’en Valais et dans la vallée d’Aoste (Italie). Le Cornalin mûrit tard (troisième époque), produit irrégulièrement et est très sensible à la pourriture et à la carence magnésienne (rougissement prématuré du feuillage). Pour ces raisons, il avait été progressivement délaissé, mais revient maintenant en force ; les surfaces cultivées ont triplé en dix ans pour atteindre 79 ha en 2005. Si la charge du cep est bien maîtrisée, les vins sont  concentrés, rustiques et présentent des notes sauvages et épicées. 

Le premier Cornalin présenté est la version quintessence de Benoit Dorsaz, viticulteur valaisan qui réside à Fully. Ce Cornalin est issu de vignes situées sur deux communes. Fully et ses gneiss avec moraines légèrement calcaires, Leytron et ses cônes d’alluvions. Elevage de 18 mois pour deux tiers en barrique et un tiers en cuve inox.


Benoit Dorsaz, Cornalin quintessence 2006

Robe sombre et violacée.

Nez profond de fruits noirs avec un côté fumé et quelques notes de grillé.

Bouche très structurée et volumineuse. Finale arrondie par une sucrosité certaine. Cependant le vin présent un bel équilibre entre arômes, sucre, tannins et alcool. Aucune lourdeur n’est à signaler. L’élevage est bien intégré, il ne ressort que légèrement en finale.

Bien +/Très bien dans un style moderne.

 
















 

 

 

 

On passe au Cornalin Viouc de Maurice Zufferey dont la cave se situe à Sierre. Ce vin est élevé de 12 à 13 mois en barrique.

 

Maurice Zufferey, Cornalin Viouc 2006

Plus concentrée la robe est encre avec des reflets violinés.

Nez qui me fait penser à une syrah septentrionale. Forte intensité sur les fruits noires le poivre et les épices.

Attaque franche et fraîche. La bouche se montre crémeuse et présente une trame très fine et longue. Belle persistance aromatique sur les fruits noirs, le noyau et des notes florales qui rafraichissent un jus qui a du corps. L’élevage apporte une touche gourmande en finale (vanille) tout en restant au second plan, bref pas un élevage cache misère.

Excellent et grande découverte. Il va falloir que je rende visite à ce producteur.

 














 

Enfin arrive le Cornalin de Anne Catherine et Denis Mercier dont l’exploitation se situe à Sierre.

 

Anne Catherine et Denis Mercier, Cornalin 2006

Robe encre avec des reflets violinés.

Nez tout en finesse et en retenue sur les fruits rouges, le boisé précieux quelques notes salines et de mine à crayon.

Texture très fine, de dentelle, le vin est soyeux en bouche. Du fruit mûr, une grande longueur et une persistance aromatique impressionnante ! Quelle élégance, quelle précision ! Du tout grand, le Jean-Louis Chave du Valais

Exceptionnel

 

















 


 

Après cette petite série de Cornalin, on passe à un assemblage d’Humagne et de Cornalin réalisé par la grande dame du Valais : Marie-Thérèse Chappaz.


M.T Chappaz, Grain mariage 2007

Robe rubis, fluide et limpide.

Nez tout d’abord marqué par l’Humagne un peu sauvage : jus de viande, sous-bois. A l’agitation le fruit est plus perceptible, mûre sauvage et fruits à noyau. Un petit côté salin se fait également sentir.

Bouche en finesse mais très savoureuse avec un grain bien lissé. Structure assez tendue et surtout très fraîche. Explosion aromatique en bouche, on a l’impression de croquer du fruit frais.

Excellent Les membres féminins ont tout particulièrement apprécié.

 














 

 

 


 

 

Arrivent alors les vins de Syrah des cantons de Genève, de Vaud et du Valais.

La syrah est le principal cépage rouge des appellations de Côtes-du-Rhône  septentrionales françaises (Côte Rôtie, Hermitage, etc). Elle a été introduite en Valais  en 1926 et s'est ensuite répandue dans les autres cantons helvétiques (Valais: 132 ha,  Tessin: 3 ha, Genève: 5 ha, Vaud: 4 ha). Ce cépage est très sensible à la coulure (avortement  prématuré des futures baies) en cas de mauvaises conditions climatiques à la floraison. Les vins sont colorés, charpentés et reconnaissables à leur note poivrée et épicée caractéristique.

 

Le premier vin de Syrah dégusté est issu du canton de Vaud. C’est un vin réalisé par Grognuz, La cave des rois. Les vignes sont situées sur des terrasses bordant le Lac Léman avec une exposition plein sud. Les sols sont alcalins et de texture sableuse.


Grognuz, Syrah « Saint Saphorin » 2007

Robe rubis

Nez peu expressif sur la violette et le poivre.

En bouche, tout le monde est marqué par la grande fraîcheur, le côté léger et aérien. Le vin est assez long  et propose un beau fruit et des épices. Salinité très marquée en bouche.

Une très belle surprise que ce vin. Très bien.

 




















 

 

 

On passe ensuite au Valais avec une syrah de Maye dans le millésime 2007 qui n’a pas vu de bois.



Simon Maye, Syrah 2007

Robe encrée

Nez peu engageant, très réduit. Je vois beaucoup de monde autour de moi jeter son verre.

Quelques temps plus tard, le vin semble s’être mis en place. L’aération a été bénéfique. On a droit à une Syrah très élégante qui ne joue pas sur la concentration.

A revoir sur une autre bouteille.

 



















 

Puis c'est le tour du canton de Genève avec la syrah de Jean Michel Novelle.


Charles Novelle et fils, Syrah 2004

Robe très foncée.

Nez marqué outrageusement par l’élevage.

Bouche concentrée mais pommadée. Pas de véritable style. Un jus qui semble intéressant mais qui est masqué par la planchette.

Bof…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Arrive le dernier vin qui est une syrah du Valais, plus précisément du domaine Cornulus.


Domaine Cornulus, Syrah Antica 2005

Robe concentrée et peu limpide.

Nez fumé mais qui présente un fruit éclatant. Petit côté iodé.

En bouche, ce vin présente le profil le plus rhodanien. La structure tannique est plus prononcée mais les tannins ne sont absolument pas durs. Le grain est très fin et lissé. Belle définition du fruit, bouquet d'épices en finale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un niveau d'ensemble très relevé, seuls deux vins déçoivent réellement: le Gamaret de N. Bonnet et la Syrah de Novelle. Ceci dénote une grande habileté et maitrise des techniques de vinification.

Les cépages typiquement Valaisans ont beaucoup plu, surtout le Cornalin qui présente dans sa meilleure expression une trame fine et concentrée qui dure longtemps.

En ce qui me concerne j'ai été particulièrement charmé par l'Humagne et ses notes sauvages qu'on retrouvait dans les vins de Simon Maye et Marie Thérèze Chappaz.

Enfin les syrah se présentent beaucoup plus digestes et fraîches que nombre de leurs homologues rhodaniennes. Bref des vins faits pour les plaisirs de la table et des buveurs, pas des vins "m'as-tu vu" de salon...

 

 

 

 


 

Les informations sur les cépages ont été obtenues grâce au site Vinatura, http://www.vinatura.ch/fr/les-cepages

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