Dégustation de Crozes Hermitage dans le millésime 2005

Publié le par Miguel


Dégustation Crozes-Hermitage


Cette appellation de 1428 hectares a été créée en 1937. Elle se cantonnait au départ à la partie nord actuelle de l’appellation à savoir les coteaux granitiques des communes de Serves, Erôme, Gervans et Crozes-Hermitage.

En 1952 un élargissement porte à 11 communes les terres concernées par cette appellation. La plaine des Chassis  y est intégrée.

Aujourd’hui sur la rive gauche du Rhône on trouve des vignes qui produisent du Crozes depuis Serves sur Rhône aux portes de Saint-Vallier jusqu’à Beaumont-Monteux et Pont de l’Isère au sud comme le montre la carte ci-dessous.



La grande majorité des vins produits sont des vins rouges. Il sont élaborés à base de syrah avec la possibilité d’ajouter jusqu’à 15% de cépage blancs, à savoir de la Marsanne ou de la Roussane.

Dans ce document, nous nous intéresserons presque exclusivement aux vins rouges.


Le Crozes-Hermitage, un vin de pâle réputation : origines de cette considération.

Les vins de Crozes-Hermitage ont toujours souffert d’un déficit d’image. Cet état de fait peut s’expliquer de différentes façons.

Tout d’abord, d’un point de vue étymologique, le Crozes-Hermitage n’a pas d’existence autonome, étant donné que par son nom, on ne peut le définir que relativement à son seigneur de voisin qu’est l’Hermitage. Il apparaissait alors seulement comme un  sous-produit de ce dernier. Les vignerons de l’époque ne manifestaient pas de réelles volontés ou ambitions de produire de « grands » vins. La preuve en était, toutes choses égales pars ailleurs, qu’ils étaient très peu à embouteiller leur production. Voici un bel exemple de la force des mots.

Ensuite l’extension de l’appellation permise par le décret de 1952 se passe surtout à partir des années 1970 dans la plaine des Chassis. Les vignes sont donc très jeunes et très facilement mécanisables, ce qui donne naissance à des vins certes bon marché mais de qualité médiocre.

En outre le quasi oligopole des caves coopératives et des négociants n’est pas propice à une quête variée d’interprétation des terroirs. Le faible degré de concurrence ne pousse pas lui non plus les offreurs à accroître la qualité par quelque moyen que ce soit.

Enfin plus récemment, à partir des années 1980, de nombreux jeunes vignerons s’installent et quittent par voie de conséquence la cave coopérative pour produire eux-mêmes leurs vins. (cf : tableau suivant)


Année

1982

1991

2003

Nombre de coopérateurs

550

420

390

Source : John Livingstone-Learmonth,The Wines of the Northern Rhône, University of California Press, 2005


Les vins s’améliorent mais, revers de la médaille, de nombreux vignerons abusent de certaines possibilités technologiques ce qui efface le terroir au profit de vins aux robes très sombres et à l’extraction poussée que ne peut pas forcément supporter l’ensemble des vendanges.

En somme cette piètre réputation s’explique selon les faits avancés soit par des pratiques culturales inadaptées, soit par des manières de vinifier peu respectueuses du raisin, soit par une structure économique excessivement concentrée ou bien par un nom impliquant une comparaison malvenue avec son prestigieux voisin.

Parmi tous ces éléments, il semble que ce n’est aucunement le terroir qui est en cause, d’autant plus que de nombreuses cuvées prestigieuses, qui n’oublient pas d’être onéreuses, naissent ces dernières années.


Des injonctions contradictoires.

Depuis longtemps le « Crozes », comme on l’appelle traditionnellement dans la région, passe pour être un vin à boire sans chichis, qui n’a pas forcément besoin d’être gardé longtemps pour être apprécié, qui doit plutôt être bon marché….

Paradoxalement de nombreux producteurs proposent des cuvées haut de gamme souvent d’origine parcellaire ou alors sélectionnée dans la production ou bien encore ayant subi une vinification et un élevage particuliers. On pense directement aux Varonniers de M. Chapoutier, Le Clos des Grives de L. Combier ou bien encore La Guiraude de A. Graillot.


Le phénomène est loin de se circoncire à ses quelques grands noms de l’appellation parmi d’autres. Au contraire il se généralise chez quasiment tous les producteurs ce qui entraîne un accroissement significatif du prix moyen de ces bouteilles.

Partant, que penser d’une telle évolution ? L’image que les locaux avaient du « Crozes » est-elle erronée ? Ne serait-ce qu’une stratégie commerciale sans réels fondements destinée à uniquement accroître les profits du secteur ? Toutes ces questions sans réponses certaines nous ont poussés à organiser une dégustation assez extensive des différentes cuvées spéciales élaborées dans l’appellation sur le millésime 2005.


Présentation des deux dégustations

Présentons tout d’abord le millésime 2005 qui s’est caractérisé dans la région par une sécheresse tout l’Hiver, tout le Printemps et une bonne partie de l’Eté, le mois de juillet ayant été ponctué par  quelques pluies. Fort heureusement 30 mm de pluie sont tombés le 11 Août ce qui a permis de débloquer la maturité des raisins. C’est donc un bon millésime qu’on peut qualifier de massif de solaire. On pourrait nous reprocher ce choix puisqu’on peut craindre une phase de fermeture de ces vins, ou bien un trop jeune âge pour être apprécié, mais ne dit-on pas des grands vins qu’ils s’apprécient à tout moment de leur vie ?

Avant la dégustation, nous sommes conscients de ces limites. Malheureusement le choix est sur le plan matériel contraint par les disponibilités des vins mais aussi pour certains d’entre-eux par leur mise en vente plus tardive. Aussi en choisissant ce millésime nous pouvons dresser une dégustation horizontale assez exhaustive et représentative des vins produits.

Nous avons décidé de scinder en deux cette dégustation. Durant la première, nous nous sommes intéressé aux vins produits sur des coteaux, dans la suivante ce fut le tour de ceux de la plaine des Chassis.
Les vins de plaine naissent sur des sols alluvionnaires marqués fortement par la présence de galets, d'argile et de plus ou moins de sable.

Les vins de coteaux naissent sur des sols géologiquement plus divers (loess, gravier, granits argiles dans des proportions diverses) mais marqué pour la grande majorité d'entre eux par une forte présence granitique. 

Compte-rendu dégustation « Crozes de Coteaux » 



1. Domaine Maxime Chomel, cuvée générique 2005. (9 euros caviste) 
Ce vin est issu de vignes de coteau situées sur les communes de Gervans et Crozes-Hermitage. Le vin passe l’hiver suivant la vendange en cuve. Il est ensuite élevé pendant un an dans des fûts de 228l ou de 400l âgés de six à quinze ans. Le vin est collé et filtré. 

Ce premier vin est discret dans tous les sens du terme. La robe est très claire et limpide. Au nez le vin est très peu expressif, des notes foxées se font quelques peu ressentir. La bouche est fondue et les tannins sont fins. Le vin n’est pas très long mais en tout cas très typique de la syrah. Il faut signaler une finale un petit peu chaleureuse. 
En somme c’est un Crozes très traditionnel qui donne un aperçu de ce qu’il se faisait il y a au moins dix ans en arrière. Difficile à l’aveugle de le positionner dans le millésime 2005, mais un vin qui en tout cas est un bon canon sobre et élégant. (Assez bien) 


2. Domaine Jaboulet, De Roure 2005. (34,90 euros domaine) 
Comme son nom l’indique ce vin est élaboré à partir des vignes de l’ancien domaine Raymond Roure à Gervans dont une grande partie des vignes ont été acquises en 1996 par la famille Jaboulet. Ces vignes se situent sur les communes de Croze-Hermitage et Gervans. Leur profil géologique est à dominante granitique. 18 000 bouteilles sont produites d’un vin élevé pendant 11 à 16 mois dans des fûts de deux à trois vins. 

Disque brillant, reflets bordeaux, robe rubis. Le nez est désobligeant, présente un côté éthéré, chimique. Certains évoquent une présence de CO2, d’autres un problème de volatile. En tout cas quelle que soit la cause, ce n’est pas très engageant. Malheureusement en bouche c’est le même scénario. L’acidité est vraiment excessive et dérangeante, il y a un creux énorme en milieu de bouche. C’est dommage parce qu’on perçoit un beau grain mais manifestement le vin n’est pas équilibré. 
Au final un vin très décevant surtout quand on pense au prix demandé, près de 35 euros. J’avais entendu et lu beaucoup de commentaires peu élogieux sur ce vin en 2005 mais je ne m’attendais pas à une telle bérézina. Un vin qu’il faudra revoir pour savoir si ce n’était pas un problème de bouteille. (Plus que moyen pour cet échantillon) 


3. Domaine des Entrefaux, Les Machonnières 2005. (15 euros au domaine) 
Ce vin a été produit pour la première fois en 1998. Il est élaboré à partir de deux sites situés à Mercurol, largement composées d’argile et d’un peu de calcaire. Les vignes ont entre 40 et 50 ans et se situent juste au-dessus des vignes qui donne naissance à la cuvée de blanc du domaine : Les Pends. 

Robe rubis avec des reflets violacés. Au nez ce sont les fruits rouges qui se font sentir avec un côté un petit peu compoté mais également des notes de cèdre. Ce vin est plus structuré que les deux précédents. La bouche est soyeuse équilibrée et fraîche. 
Un vin qui est aujourd’hui selon moi assez accessible mais qui ne procure pas vraiment d’émotion. (Bien) 


4. Domaine des Remizières, Cuvée Christophe 2005. (13 euros au domaine) 
Cette cuvée provient de vieilles vignes toutes âgées de plus de soixante ans est situé en coteau, 60% à Larnage, 40% à Mercurol. Ce vin est élevé de 12 à 14 mois dans des fûts neufs à hauteur de 80% le reste dans des fûts de 1 vin. 

C’est le premier vin à présenter une robe aussi sombre. Le nez est assez simple axé principalement sur la mûre agrémentée de touches vanillées. En bouche ce qui frappe c’est la puissance, c’est un vin très concentré de belle longueur sur les fruits noirs. 
Ce type de vin n’est décidément pas ma tasse de thé. Pour moi aucune typicité ne se dégage ici. C’est bien fait, mais on peut retrouver ses expressions un peu partout. D’autres sont moins durs que moi et, même, apprécient ce vin. Ils pensent qu’il faut l’attendre. A revoir donc mais je ne suis pas du tout convaincu. (Pas mon truc) 


5. Domaine Rousset, Les Picaudières 2005. (12 euros au domaine) 
Cette cuvée de 4500 bouteilles provient d’une parcelle éponyme située sur un coteau granitique en décomposition exposé plein sud au-dessus de Gervans et qui présente un profil comparable aux vignes de l’Hermitage. Sur cette parcelle, autrefois propriété de Raymond Roure, se trouvent des vignes âgées de plus de 80 ans. La vendange est totalement éraflée. L’élevage se fait en barrique durant 12 mois (20% de neuves et 80% de deux à cinq vins). Les vins sont filtrés mais ne sont pas collés. 

On retrouve ici une robe plus claire, rubis foncé. Le nez est retenu, tout en subtilité sur les fruits rouges, le cuir, la pivoine mais aussi des notes plus minérales rappelant l’encre de chine. La bouche est suave mais structurée. Les Picaudières manque un peu de longueur pour en faire un très grand vin. 
Dans mon tiercé de tête pour cette dégustation. Une confirmation du bon niveau dans l’appellation de ce vin dont on parle très peu. (Très bien) 


6. Domaine Belle, Cuvée Louis Belle, 2005. (16 euros caviste) 
Ce vin est issu majoritairement de vignes situées à Larnage. Elles se caractérisent par une forte présence de Kaolin qui donne aux vins des tannins robustes. Une parcelle située à Crozes Hermitage fournit également des raisins pour cette cuvée. Elle est composée de granit, d’argile blanc et de calcaire. 

Robe rubis aux reflets rouges, ce vin présente un nez sur les fruits rouges bien mûrs ? Je détecte aussi un côté lacté qui me fait penser à la crème fraîche. C’est un vin technique puissant et massif très représentatif de l’image que l’on peut se faire du millésime 2005 avec un petit côté sucré qui le rend très flatteur. 
Un bon vin de plaisir qui joue sur la partition de la puissance. (Assez bien/Bien) 


7. Domaine du Colombier, Cuvée Gaby, 2005. (18 euros caviste) 
Les vignes de ce domaine se répartissent dans au moins 12 lieux-dits différents sur les communes de Tain l’Hermitage et Mercurol. Dans la première commune, les parcelles se trouvent sur des sols très filtrants, de nature sablo-sédimenteuse, recouverts de pierres cassées. Sur les coteaux de Mercurol, on trouve plus d’argile rouge et de gravier. La cuvée Gaby n’est pas une sélection parcellaire mais à la manière d’une Guira ude de Graillot une sélection des meilleurs fûts. La syrah est ici vinifiée en vendange entière dans des demi-muids. Chaque année, 18 000 bouteilles sont produites. 

La robe est plutôt sombre avec des reflets encrés. Le nez est très plaisant. Il est beaucoup plus rustique que le vin précédent mais aussi plus complexe. Il articule des notes animales, de cuir à un côté floral (peut-être l’oeillet) pour terminer sur les épices douces. C’est très beau. La bouche paraît plus évoluée que les précédentes. Elle se caractérise par une finesse et une élégance rare jusqu’ici. La finale joue sur ce côté épicé si caractéristique de la syrah. 
Très beau vin sans fioritures qui joue la carte de la sincérité. (Très bien/Excellent) 


8. Domaine Tardieu Laurent, Cuvée Vieilles Vignes, 2005. (Offert par Michel Tardieu) 
Un vin issu de vignes de plus de 60 ans situées sur les coteaux de Larnage. Les vins sont élevés en fûts neufs et ne sont ni collés ni filtrés. 

De couleur pourpre foncé, ce vin présente un nez très moderne. On retrouve des notes de vanille, cacaotées mais aussi un fruit bien mûr. Il est très structuré, fait preuve d’une certaine tension. Un côté salin et amer, ma foi très agréable, complexifie et étoffe ce vin qui fait preuve d’une belle longueur. 
Au final ce Crozes m’a procuré du plaisir malgré son style très moderne qui évite cependant la surextraction. Le seul reproche qu’on pourrait lui faire serait son manque de typicité. Certaines personnes dans l’assemblée ont pensé à un Saint Emilion. En tout cas de la belle ouvrage. Je suis curieux de ce que pourra donner ce vin dans quelques paires d’années. (Bien voir très bien) 


9. Domaine Chapoutier, Les Varonniers, 2005. (40 euros caviste) 
Ce vin est élaboré à partir de vignes voisines du lieu dit « Varogne » dans la colline de l’Hermitage. Ce vignoble est en terrasses et orienté ouest. Le sol se compose majoritairement d’un granit très dense. Les rendements sont plutôt bas, entre 20 et 25 hectolitres selon les années. Les raisins récoltés sont égrappés puis le vin élevé de 18 à 20 mois, une moitié en fûts neufs, l’autre en fûts de 1 ou 2 vins. 
Après plusieurs dégustations où j'ai été plutôt déçu par cette cuvée, j'ai enfin pris du plaisir avec le millésime 2005. Les Varonniers dans ce millésime présentent une couleur très sombre, conséquence du caractère solaire du millésime 2005. Les arômes perçus sont très élégants. Prédomine au nez le poivre blanc, quelques notes fumées mais peu de fruit. L'attaque en bouche est franche. Le vin est long et puissant. Ces qualités sont amplifiées par la tension et le volume créés par une certaine amertume (minéralitè). 
Le lendemain, la personne qui avait emporté la bouteille rapporte que le fruit était alors beaucoup plus présent. 
En somme un très beau vin pour après-demain avec une qualité de tannins de premier ordre. 


10. Domaine des Remizières, Autrement, 2005. (25 euros au domaine) 
Ce vin est originaire des coteaux de Larnage riche en Kaolin. Les vignes sont âgées en moyenne de 85 ans. Les 1000 bouteilles produites sont exclusivement élevées en barriques neuves. 
Robe extrêmement sombre. On ne sent que la vanille et de la mine de crayon. En bouche, le vin est asséchant, très concentré. Ce n'est pas du tout à mon goût. Cela manque d'élégance et n'est que peu buvable dans l'état. 
Deux jours plus tard, un ami qui avait emporté la bouteille me dit que l'évolution est très positive. 
En tout cas j'émets des doutes sur la nécessité d'un recours aussi massif au bois. (Très moyen)  

 
Compte rendu dégustation Crozes de la plaine des Chassis.



1. Gilles Robin, Crozes Hermitage « Cuvée Alberic Bouvet » 2005, 16 euros caviste. 
Ce vin, issu de la plaine des Chassis, est élevé un an dans des fûts de 228l ; 20% sont neufs, les autres sont des fûts âgés de quatre à cinq ans. La vendange est en grande partie égrappée. Le nom de cette cuvée est un hommage à son grand-père : Alberic Bouvet. 

Le vin arbore une jolie robe brillante, limpide et assez sombre ; au nez ce qui marque, ce sont des notes cacaotées et lactées qui sont enrichies par quelques notes poivrées. Les tannins sont fins, mais la matière semble un peu faible. En tout cas le vin, malgré un manque de longueur, un fruit tout en retenue, n’en est pas moins équilibré et séduisant. 
Un vin qu’il faut sûrement attendre. Bien et sûrement plus dans l’avenir. 


2. Domaine Michelas, Crozes Hermitage « Terres d’Arce » 2005, 18 euros caviste. 
Vin issu de la plaine des Chassis. Il est élevé dans 30% de bois neuf. 

Ce vin présente un dépôt assez conséquent. La robe est brillante mais pas très limpide. Ce « Terres d’Arce » n’est pas très causant au niveau olfactif. L’attaque est très franche puis on rencontre ce que l’on attend de l’image que l’on se fait du millésime 2005 : une forte présence tannique qui donne un vin très structuré avec du relief. En rétro, c’est le fruit qui apparaît et qui persiste assez longtemps. Le tout est bien arrondi par un élevage à mon goût un peu trop présent. 
Assez-bien/Bien 


3. Domaine Jaboulet, Crozes Hermitage « Domaine de Thalabert » 2005, 25 euros caviste. 
C’est un peu la cuvée historique et emblématique de Crozes Hermitage. Thalabert c’est un lieu clairement délimité d’à peu prés 40 hectares, clos notamment pour au moins une partie par un mur d’enceinte, situé dans la partie ouest de la plaine des Chassis. Les vignes y sont âgées en moyenne de 50 ans. Ce sont les premières vignes à avoir été plantées sur la plaine des Chassis, bien avant que l’appellation Crozes Hermitage s’étende à cette zone. Le vin issu de ce domaine était vend avant 1956 sous le nom « Côtes du Rhône Thalabert ». 

Thalabert 2005 présente une robe brillante et plutôt claire relativement à ses camarades de dégustation. Le nez est sur le poivre, les cerises à l’eau de vie. Un côté alcooleux est légèrement gênant. Ce défaut se retrouve en bouche, la finale est très chaude et brulante. C’est dommage parce que ce Crozes présente des tannins très fins et nombreux, une très belle longueur et une droiture exemplaire. 
Assez bien alors que, sans ce défaut, cela aurait été excellent. 


4. Domaine E. Darnaud, Crozes Hermitage « Les Trois Chênes » 2005, 13 euros domaine. 
Ce vin est issu de la plaine des Chassis. Il est réalisé par Emmanuel Darnaud, neveu de celui qui pendant longtemps fut l’oeunologue de la cave de Tain et beau-fils de Bernard Faurie. Les Trois Chênes sont élevés pour moitié en fûts neufs durant 14 mois. Les vins sont légèrement filtrés et collés. 

De couleur très sombre (pourpre), ce Crozes exhale un nez traditionnel mais très plaisant. On sent le lard fumé, des notes de musc, les épices et des fruits noirs. Un gap assez important sépare la bouche du nez qui est beaucoup plus moderniste. C’est un vin précis, technique, ample mais avec beaucoup de finesse et un très joli fruit. 
Très bien 


5. Domaine Yann Chave, Crozes Hermitage « Le Rouvre », 2005, 18 euros caviste. 
Ce vin est issu de la plaine des Chassis, dans la commune de Pont de l’Isère. Les vignes se situent au lieu-dit Les Pautus. Les vignes sont âgées d’une cinquantaine d’années et le sol est composé de 15% d’argile et recouvert de roches sédimentaires et de galets. 

De couleur rubis foncé, ce « Rouvre » dégagent de manière très expressive des parfums de fruits noirs mais aussi d’épices. En bouche c’est droit suave, sapide et plutôt concentré. La longueur est appréciable. 
Bien/Très bien mais il manque un petit quelque chose, que je ne saurais définir, pour adhérer pleinement. 


6. Domaine Ferraton, Crozes Hermitage « Le Grand Courtil » 2005, 18 euros caviste. 
Ce vin est issu de la plaine des Chassis. Les raisins qui le compose provient de la commune de Mercurol (forte présence d’argile). Ce vin est élevé de 14 à 16 mois dans des tonneaux de 225 litres (1/3 de neuf, 1/3 âgés de deux à trois ans, 1/3 âgés de trois à quatre ans). Les vins ne sont ni filtrés ni collés. 

Le grand Courtil présente une robe très sombre à reflets violinés. Les arômes de ce vin sont exubérants et un peu atypiques (par rapport à ce que l’on a dégusté jusque-là) : violette, fruits noirs, fruits confits/pâte de fruits, vanille, mais tout ceci est d’une grande classe. La bouche parvient à conserver une grande fraîcheur malgré ce profil aromatique typé chaud. Le vin est très sapide arrondi et suave. 
Très Bien ++ C’est le type de vin qui représente pour moi le Crozes de plaine : de l’opulence, de la bonhomie et du plaisir sans prise de tête, immédiat. 


7. Domaine Delas, Crozes Hermitage « Le Clos » 2005, 20 euros caviste. 
Le Clos est une parcelle située sur la commune de La Roche de Glun. Le sol est de nature argilocalcaire et parsemé jusqu’à une profondeur de 30 mètres de gros galets alluvionnaires. Les vignes y ont été plantées dans les années 1950. Le vin est élevé en fûts neufs à hauteur de 20% et le reste dans des fûts de 1 vin. 

« Le Clos » est très sombre avec des reflets violinés. Le nez est très plaisant sur la mûre, les fruits confits et de petites notes mentholées. La bouche est encore ici très fraîche et tendue. En rétro c’est la pure jubilation du fruit et cela persiste longtemps. C’est très beau… 
Excellent 


8. Domaine Combier, Crozes Hermitage « Clos des Grives » 2005, 23 euros caviste. 
Ce vin est issu de la plaine des Chassis, plus précisément de la commune de Pont de l’Isère. 
Le sol recouvert de nombreux galets alluvionnaires est rouge ce qui manifeste la présence importante (caractéristique de la plaine des Chassis) d’argile rouge et de calcaire. 4.5 hectares de vignes âgées d’une cinquantaine d’années produisent chaque année 23 000 bouteilles de Clos des Grives. Le vin est élevé pendant 14 mois dans 30% de fûts neufs et le reste en fûts de un à deux vins. 

De couleur très sombre avec des reflets violet foncé, on retrouve dans le Clos des Grives 2005 des senteurs fumées, de fruits noirs mais aussi la vanille pas très noble. La bouche est concentrée et opulente, mais coupe assez court. C’est très démonstratif comme style, je n’adhère pas. 
Pas à mon goût. 


9. Domaine Graillot, Crozes Hermitage « La Guiraude » 2005, 27 euros caviste. 
Ce vin est issu de la plaine des Chassis, dans sa partie médiane, sur la commune de Pont de l’Isère au lieu-dit Les Chênes Verts. Ici les sols sont très caillouteux, les galets alluvionnaires recouvrent les sols bruns sablonneux. La Guiraude est une sélection des fûts jugés les meilleurs par Alain Graillot. Les vins sont élevés pendant un an avec très peu de bois neuf, ils sont filtrés mais pas collés. 

Malheureusement la bouteille de Guiraude dans le millésime 2005 était bouchonnée. Pour se venger de cet affront, on commet un infanticide en en ouvrant une autre dans le millésime 2007. 

La robe est violine dense et compacte. Les senteurs perçues sont très florales, violette et pivoines., menthe poivrée et myrtille. 
En bouche, à l’ouverture le vin n’est clairement pas en place. C’est très désordonné. Le lendemain après une nuit d’aération, le vin s’est mis en place. Les tannins sont très moelleux. L’acidité se fait d’avantage ressentir et élance ce vin qui hier était si pataud. La finale est longue et fruitée. 
Un très bon moment… 


10. Domaine Gilles Robin, Crozes hermitage « Cuve 1920 » 2005, 35 euros caviste. 
Voici la dernière création de Gilles Robin, une cuvée parcellaire de Crozes Hermitage réalisée à partir de vignes acquises par son grand père en 1920. C’est un Crozes qui se positionne tout en haut de l’appellation en terme de prix. 
Je redoutais de boire ce vin, je m’attendais à quelque chose de sur-extrait, très concentré et boisé. La réalité fut toute autre. 
Robe grenat très brillante. Cette cuvée présente un nez très charmeur sur le poivre blanc, les épices douces et les fruits rouges écrasés. La bouche est toute en finesse. Je trouve ce vin long mais pas en puissance. La finale est sapide, le vin est équilibré par une bonne acidité. C’est la première bouteille à être terminée ; pour reprendre une expression commune : c’est un signe qui ne trompe pas. 
Excellent vin pour moi, même si d’autres dans le groupe ont un avis plus nuancé. 


Pour conclure, je tiens à remercier Frédéric Hérédia (en photo, il va adorer), caviste à Tain l'Hermitage qui nous a grandement aidé pour préparer cette dégustation. Sans lui il aurait été difficile de trouver nombre de ces vins à des prix décents. 

Un remerciement aussi tout particulier à la maison Tardieu Laurent qui nous a fait parvenir et offert très rapidement une bouteille de Crozes Hermitage Vieilles vignes dans le millésimes. Un geste de grande classe, encore merci.



Information tirée du site de la maison Jaboulet : www.jaboulet.com

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